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[Rapport] Naviguer dans le cadre Zéro Net de l’OMI : analyse des enjeux pour le Maroc et de sa préparation à devenir un hub des e-carburants

  • Rachid Ennassiri, Meriam Lagtari, Othmane Fathallah
  • il y a 11 heures
  • 3 min de lecture
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Le processus du Cadre « Zéro Net » de l’Organisation Maritime Internationale (OMI), dont l’adoption est attendue en octobre 2025 pour une entrée en vigueur en 2027, introduirait un système mondial de conformité fondé sur l’analyse du cycle de vie des carburants maritimes. Il combinera des objectifs d’intensité carbone avec un mécanisme de tarification basé sur des crédits et un Fonds Zéro Émission Nette (IMO Net Zero Fund), appelé à générer environ 10 milliards de dollars par an. Bien qu’il vise à accélérer la transition vers des carburants propres, près de 90 % des émissions sectorielles mondiales échappent à tout mécanisme de tarification dans le cadre proposé, qui reste flou sur la répartition des bénéfices ainsi que sur la pérennité du Fonds, posant un défi particulier aux producteurs émergents d’e-carburants, à l’image du Maroc.


Dans ce contexte, alors que le pays vise à s’imposer comme hub des e-carburants verts, ce rapport en évalue les implications stratégiques. L’analyse de scénarios démontre que son degré d’engagement, passif ou proactif, sera déterminant pour son accès au Fonds, sa capacité d’influence réglementaire et la solidité de sa compétitivité dans les carburants propres. Un scénario de leadership, où le Maroc soutient une tarification robuste des unités correctives, des règles de cycle de vie strictes et une éligibilité inclusive au Fonds, pourrait renforcer la confiance des investisseurs et garantir un accès privilégié au mécanisme. À l’inverse, un alignement passif ou le soutien à des standards de durabilité affaiblis, exposeraient le pays à des risques de réputation, à des actifs échoués et à une rentabilité amoindrie de ses investissements dans l’hydrogène vert.


Les règles d’éligibilité des carburants prévues dans le Cadre “Zéro Net” (NZF) constituent une source majeure d’inquiétude. Le dispositif actuel tend à assimiler des e-carburants hydrogène à forte intégrité à des biocarburants de moindre qualité, certes conformes sur le papier mais porteurs de risques environnementaux significatifs en amont. Le rapport souligne la nécessité pour le Maroc de défendre des méthodologies rigoureuses d’évaluation du cycle de vie, des garde-fous de durabilité contraignants et des mécanismes de valorisation différenciés en faveur des e-carburants. Sans une telle position, le secteur marocain des carburants propres risquerait d’être structurellement pénalisé.


La capacité du Maroc à développer les e-carburants à grande échelle reste limitée. Le questionnaire mené par IMAL auprès d’experts révèle qu’aucun répondant n’anticipe l’émergence d’un hub marocain d’ici 2030, tandis que 57 % n’y croient qu’après 2035. Les obstacles cités incluent l’ambiguïté réglementaire, la fragmentation des procédures d’autorisation, l’insuffisance des infrastructures et le manque d’expertise technique. Les cadres juridiques existants : la loi 40-19 (énergies renouvelables), 82-21 (autoproduction d’électricité) et le Code maritime, nécessitent des révisions urgentes. Tandis que les instruments publics de financement restent insuffisants pour dé-risquer les projets en phase initiale. Si la confiance des investisseurs demeure modérée, seule une gouvernance renforcée, une fiscalité clarifiée et des infrastructures mutualisées permettront d’assurer la bancabilité du secteur.


Le rapport compare également le Cadre « Zéro Net » (NZF) aux régulations de l’Union européenne (UE), qui fixent des objectifs intermédiaires plus clairs. Bien que les deux cadres partagent une vision de neutralité carbone à l’horizon 2050, leurs divergences exposent les exportateurs marocains à un risque de double conformité. Une convergence réglementaire à haut niveau d’ambition offrirait au Maroc le scénario le plus favorable pour son secteur des e-carburants, en consolidant la stabilité du marché, la compétitivité à l’export et en réduisant l’incertitude.


Enfin, le rapport esquisse quatre scénarios de vote pour le Maroc lors de la prochaine session de l’OMI. Du point de vue du secteur marocain des e-carburants, un vote « oui » pragmatique est recommandé : non comme un simple aval, visant à peser dans l’élaboration des règles, garantir l’accès au NZF et s’aligner sur les priorités nationales de long terme. Le Maroc est ainsi encouragé à accompagner son vote d’une diplomatie proactive, de coalitions ciblées et de réformes réglementaires, afin de transformer son ambition en véritable influence internationale.


Le rapport, en anglais, est disponible ici.


 
 
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